L'agenda Kosovo by Gérard de Villiers

Auteur:Gérard de Villiers [Villiers, Gérard de]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782842678784
Éditeur: Gérard de Villiers
Publié: 2008-01-03T05:00:00+00:00

CHAPITRE XIII

Sœur Anastasia trépignait, apostrophant les soldats danois chargés de garder son monastère, totalement isolé dans la vallée de la Drenica, blotti entre deux collines désertes couvertes d’une forêt serrée.

— Où sont-ils ? glapit-elle. Il est déjà onze heures !

Comme à l’accoutumée, elle avait réclamé une escorte pour descendre faire ses courses au village de Komorane, à une dizaine de kilomètres de son monastère. Depuis 2004, lorsqu’une foule furieuse avait assiégé et brûlé les vieilles pierres, elle exigeait une escorte de la KFOR pour tout déplacement à l’extérieur. Depuis peu, elle exigeait aussi un véhicule de la police kosovare, ne s’entendant pas avec les Danois chargés de protéger les sept occupantes du monastère. Cinq étaient groupées derrière elle, les sœurs Marina, Persida, Ruzica et Marija. Seules Epimija et Andija étaient à l’intérieur.

Et le 4 x 4 de la KPF était en retard !

Le lieutenant danois s’affairait au téléphone : lui avait la charge des trois véhicules de la KFOR, dont un 4 x 4 blindé réservé en principe aux sœurs.

Enfin, une tache blanche apparut en bas des lacets menant au monastère et sœur Anastasia retrouva son calme. Parfois, les Danois regrettaient qu’elle n’ait pas brûlé avec le monastère… Comble de la provocation, elle exigeait de se déplacer dans le 4 x 4 du monastère, encore immatriculé en plaques serbes.

Le petit convoi put enfin se mettre en route, les religieuses serrées dans leur véhicule encadré par ceux de leur protection. Il n’y avait qu’une douzaine de kilomètres jusqu’à Komorane, sur une route sinueuse et déserte, encaissée entre des collines sauvages. La vallée de la Drenica avait été le berceau de toutes les insurrections, au Kosovo, et ses habitants vomissaient les Serbes. Même avec les Danois, des enfants jetaient parfois des pierres au passage du convoi. Sachant parfaitement que les soldats de la KFOR, disciplinés, ne riposteraient pas à l’arme lourde.

On n’était pas en Birmanie.

Les quatre véhicules, celui de la KPF en tête, franchirent le pont au-dessus d’une rivière asséchée et tournèrent dans la route principale, descendant en pente douce au fond de la vallée.

Le 4 x 4 de la KPF venait de disparaître derrière le premier virage lorsqu’une explosion sourde ébranla la montagne ! Un tas de pierres posé sur le bas-côté de la route venait d’exploser ! Projetant des débris dans tous les sens. Juste à côté du premier blindé danois. Ce dernier dérapa mais resta sur la route. Seulement, derrière, le 4 x 4 des religieuses, plus léger, fut balayé par le souffle jusqu’au ravin.

Avec horreur, le lieutenant danois le vit disparaître dans le ravin.

— My god !

Les soldats jaillissaient déjà de tous côtés. Les policiers kosovars arrivèrent, pistolet au poing, affolés. Depuis trois ans, il n’y avait eu aucun incident.

Miracle ! Le 4 x 4 avait été arrêté par un arbre, trois mètres en contrebas de la route. À l’intérieur, les cinq religieuses hurlaient comme des sirènes. Choquées mais pas blessées. Lorsque le lieutenant ouvrit une des portières, il eut l’impression de libérer des fauves en furie. Les

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